Bernard Gazier (Fondation Cournot/Université Paris I)
4 février 2022
En ce début 2022, les perspectives macroéconomiques de part et d’autre de l’Atlantique semblent être à l’avantage de l’Union Européenne et notamment de la France.
Du côté des EU, une relance entravée, entre autres, par de nombreux goulots d’étranglement et des pénuries de main-d’œuvre, accompagnée par une nette montée de l’inflation, le rythme dépassant les 7% annuels. Du côté de l’UE, des goulots d’étranglement et des pénuries de main-d’œuvre aussi, certes, mais moins affirmés, et une reprise de l’inflation pour l’instant plus modérée ; dans le cas français l’inflation est autour de 2-3% en rythme annuel et des perspectives de rebond économique restent fortes.
Il en résulte des priorités différentes de politique monétaire (Monperrus – Veroni 2022) : aux EU la crainte d’une spirale prix-salaires est forte, dans un contexte où la contraction de la population active résultant des confinements de 2020 n’est qu’à moitié résorbée. Il en résulte une posture « agressive » de la Banque Fédérale de Réserve, qui envisage des hausses de taux pouvant en retour freiner la relance. En Europe la population active a retrouvé intégralement son niveau moyen de 2019, et la Banque Centrale Européenne est plus attentiste et cherche en priorité à ne pas casser le rebond des économies.
Ces bonnes performances relatives sont largement à mettre au compte des dispositifs d’activité réduite (« chômage partiel » selon l’ancienne dénomination) qui ont permis à l’Europe d’absorber le choc de la pandémie en préservant pour de très nombreux travailleurs leur lien à l’emploi tout en les indemnisant, et donc d’éviter le gonflement du chômage ouvert.