23 déc. 2020

Première conférence : Le calcul fractionnaire en finance

Visioconférence mise en ligne le 23 décembre 2020

Série de conférences soutenues par la Fondation Sloan

Organisée par la Fondation et le Centre Cournot, l'École polytechnique et l'Université de la Californie à Irvine


Introduction to the project and the conference
Josselin Garnier (École polytechnique), Knut Sølna (University of California at Irvine) and Jean-Philippe Touffut (Cournot Centre)

Excursion Risk: Linking properties of price paths with the analysis of dynamic trading strategies
Rama Cont (University of Oxford)

The pricing conundrum of rough volatility
Antoine Jacquier (Imperial College London)

Endogenous regime shifts of persistence
Jean-Bernard Chatelain (Paris School of Economics)


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11 déc. 2020

Les leçons de l'Antitrust aux États-Unis pour la crise actuelle

Visioconférence mise en ligne le 11 décembre 2020

Introduction: Antitrust during times of crisis and the lessons from the interwar period
Frédéric Marty (CNRS, Université Côte d’Azur)

The issue of Bigness in antitrust enforcement: Were structural remedies a solution?
Naomi R. Lamoreaux (Yale University)

From the War Industries Board to the National Industrial Recovery Act: A US model of regulated competition?
Thierry Kirat (CNRS; Université Paris Dauphine)

Framing Antitrust as Public Interest Law, 1890 till 1960
Dina Waked (Sciences Po Law School)

The antitrust policy of the 2nd New Deal (1938): Arguments for free competition
Spencer Weber Waller (Institute for Consumer Antitrust Studies, Loyola University Chicago)

Is the concentration of economic power a risk to democracy?
Daniel Crane (University of Michigan)

Concluding Remarks
Robert Boyer (Cournot Centre; Institute of the Americas)

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7 déc. 2020

Première conférence : Le calcul fractionnaire en finance

Visioconférence le lundi 14 décembre 2020

11h00 – 12h30 et 13h30 – 15h00 (New York) |  17h00 – 18h30 et 19h30 – 21h00 (Paris)

En anglais

Série de conférences soutenues par la Fondation Sloan
Organisée avec l'École polytechnique et l'Université de la Californie à Irvine

SESSION 1 – 11H00 – 12H30 (New York) / 17H00 – 18H30 (Paris)
Introduction to the project and the conference
Josselin Garnier (École polytechnique), Knut Sølna (University of California at Irvine) and Jean-Philippe Touffut (Cournot Centre)

Excursion Risk: Linking properties of price paths with the analysis of dynamic trading strategies
Rama Cont (University of Oxford)

Discussion

12h30 – 13h30 (New York) / 18H30 – 19H30 (Paris) – PAUSE

SESSION 2 – 13H30 – 15H00 (New York) / 19H30 – 21H00 (Paris)

The pricing conundrum of rough volatility
Antoine Jacquier (Imperial College London)

Endogenous regime shifts of persistence
Jean-Bernard Chatelain (Paris School of Economics)

Discussion
Closing remarks


 

4 déc. 2020

La pandémie et la gestion du nouveau trilemme : santé, économie et libertés – quelles réponses ?

 Visioconférence mise en ligne le 4 décembre 2020

Intervenants :

Hans-Helmut Kotz (Université Goethe / Université Harvard)

Xavier Ragot (OFCE)

Robert Boyer (Centre Cournot / Institut des Amériques) 

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24 nov. 2020

Les leçons de l'Antitrust aux États-Unis pour la crise actuelle

 Visioconférence le mardi 8 décembre 2020

17h00 – 19h30 (Paris) | 11h00 – 13h30 (New York)

En anglais

17h00 – 17h10 (11h00 – 11h10) : Introduction: Antitrust during times of crisis and the lessons from the interwar period
Frédéric Marty (CNRS, Université Côte d’Azur)

17h15 – 17h35 (11h15 – 11h35) : The issue of Bigness in Antitrust enforcement: Were structural remedies a solution?
Naomi R. Lamoreaux (Yale University)
Paper: "The Problem of Bigness: From Standard Oil to Google", Journal of Economic Perspectives, 33(3), Summer 2019, pp.94-117.

17h40 – 18h00 (11h40 – 12h00) : From the War Industries Board to the National Industrial Recovery Act: A US model of regulated competition?
Thierry Kirat (CNRS; Université Paris Dauphine)
Paper by Thierry Kirat and Frédéric Marty: "From the First World War to the National Recovery Administration (1917-1935): The Case for Regulated Competition in the United States during the interwar period"

18h05 – 18h15 (12h05 – 12h15) : Framing Antitrust as Public Interest Law, 1890 till 1960
Dina Waked (Sciences Po Law School)
Paper: “Antitrust as Public Interest Law: Redistribution, Equity, and Social Justice”, The Antitrust Bulletin, 65(1), 2020, pp. 87–101.

18h20 – 18h40 (12h20 – 12h40) : The antitrust policy of the 2nd New Deal (1938): Arguments for free competition
Spencer Weber Waller (Institute for Consumer Antitrust Studies, Loyola University Chicago)
Paper: "The Antitrust Legacy of Thurman Arnold", Saint John's Law Review, 78, 2004, pp.569-614.

18h45 – 19h05 (12h45 – 13h05) : Is the concentration of economic power a risk to democracy
Daniel Crane (University of Michigan)
Paper: “Facism and Monopoly”, Michigan Law Review, 118(7), 2020, pp.1315-1370.

19h10 – 19h20 (13h10 – 13h20) : Concluding Remarks
Robert Boyer (Cournot Centre; Institute of the Americas)

23 nov. 2020

La concentration du pouvoir économique depuis la pandémie

Sortie du Prisme Cournot


Frédéric Marty (CNRS, Université Côte d’Azur)



Télécharger

Pour obtenir une version imprimée : augustin[at]centre-cournot.org


20 nov. 2020

La pandémie et la gestion du nouveau trilemme : santé, économie et libertés – quelles réponses ?

 Visioconférence le lundi, 30 novembre à 18h

À l'occasion de la sortie du livre de Robert Boyer, Les capitalismes à l'épreuve de la pandémie, et en présence de l'auteur

Intervenants :

Hans-Helmut Kotz (Université Goethe / Université Harvard)

Xavier Ragot (OFCE)

Robert Boyer (Centre Cournot / Institut des Amériques)

Pour s'inscrire : augustin[at]centre-cournot.org



19 nov. 2020

Données & société, le rôle des femmes ?

Visioconférence

Organisé avec l’Institut Louis Bachelier, LPSM, Sorbonne Université et l'ENSAE Paris

14h00 à 14h30 : Ouverture

Nicole EL KAROUI, Professeure émérite de Mathématiques Appliquées, Sorbonne Université


14h30 à 15h15 : Les données en question dans la gestion de la crise de la Covid-19

Meriem EL KAROUI, Professeure, Directrice du Centre for Synthetic and Systems Biology, University of Edinburgh

Josselin GARNIER, Professeur, Centre de Mathématiques Appliquées, Ecole Polytechnique, Centre Cournot

Emmanuel BACRY, Directeur de Recherche au CNRS, Directeur scientifique du Health Data Hub


15h15 à 15h45 : De la recherche à la start-up

Alexandra BOUSSOMMIER-CALLEJA, Ph.D, CEO Biomedical engineer, Marie Curie Fellow, fondatrice de la start-up « ImVitro ».


15h45 à 16h00 : Pause


16h00 à 16h45 : Les data au service de la transition numérique

Françoise SOULIE-FOGELMAN, Mathématicienne, Experte en Data Mining et Big Data, Conseillère Scientifique HUB France

Anne-Sophie TAILLANDIER, Directrice Data & AI TeraLab Platform Director, IMT

Charles-Albert LEHALLE, Directeur Finance and Insurance Reloaded Program (FaIR), Senior Research Advisor, Capital Fund Management


16h45 à 17h15 : Présentation de Women@ILB et Conclusion

André LEVY-LANG, Président et Fondateur de l’Institut Louis Bachelier


Pour plus d’informations :
womeninscience.fr

Inscription


10 nov. 2020

Ajustements des salaires et de l’emploi dans la crise

Les dynamiques du travail et de l'emploi dans la crise (actualisation)

Bernard Gazier

Nos contributions précédentes ont mis en évidence des évolutions du chômage différentes entre l’Europe et les États-Unis durant la crise du coronavirus : aux États-Unis, flambée du chômage au printemps 2020 puis redescente rapide mais incomplète à l’automne ; en Europe, hausse modeste du chômage au printemps et poursuite de cette montée largement contenue à l’automne. A l’origine immédiate de ces différences, l’extension rapide dans la plupart des pays européens du « chômage partiel », dispositif maintenant le lien à l’emploi tout en assurant une indemnisation de bon niveau. Aux États-Unis, le mécanisme prenant en charge les interruptions de production dues au confinement est tout autre : le « temporary layoff » qui renvoie les travailleurs concernés à l’assurance-chômage avec une simple promesse de réembauche de leur employeur ; les conditions d’indemnisation sont alors moins favorables et la sécurité du retour à l’emploi est moindre.

Au-delà de ces institutions différentes et de leur traduction statistique contrastée, des questions se posent sur les différences plus larges de l’ajustement du travail, de l’emploi et des salaires.

Si l’on oppose à grands traits un mode d’ajustement dominé par la flexibilité externe (aux États-Unis) et interne (en Europe), alors on est conduit à postuler un rôle différent des ajustements salariaux suite à un recul de la production. Le recours à la flexibilité externe est associé au jeu classique du marché, avec une flexibilité des salaires, qui devraient baisser. Tandis que le recours à la flexibilité interne - ici subventionnée par les pouvoirs publics - est censé laisser les salaires inchangés (notons que cette simplification laisse de côté les emplois non standard et faiblement protégés, qui ont été massivement affectés par la crise des deux côtés de l’Atlantique).

L’observation dans la conjoncture du coronavirus montre que la proposition concernant l’Europe est vraie, mais que la première, concernant les États-Unis, a été non seulement démentie, mais inversée: c’est à une hausse brusque et temporaire des salaires nominaux et réels que l’on a assisté. En l’état des statistiques disponibles, voici l’opposition entre les évolutions de salaires constatées en France, et celles qui ont prévalu aux États-Unis.

France

Les salaires nominaux ralentissent légèrement dans un contexte de légère baisse des prix, ce qui maintient la hausse des salaires réels à son niveau d’avant-crise. (Source : DARES « Evolution des salaires de base et des conditions d’emploi dans le secteur privé », DARES indicateurs n° 036, Novembre 2020).

Avertissement : pour le salaire horaire de base et le salaire mensuel de base, le glissement annuel au T1-2020 ne peut être calculé. Le glissement annuel du SHBOE est passé de +1,7 % au T4-2019 à +1,6 % au T2-2020 ; pour le SMB, il est passé de +1,7 % au T4-2019 à +1,5 % au T2-2020.
Champ à partir du 2e trimestre 2018 : salariés du privé hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales ; France hors Mayotte.
Champ jusqu’au 1er trimestre 2018 : champ précédent hors Drom, hors associations de loi 1901 de l’action sociale et hors syndicats de copropriété.
Sources : Dares, enquête trimestrielle Acerno ; Insee, indice des prix à la consommation.
Figure 1 : Glissement annuel des salaires et des prix à la consommation

Les États-Unis

L’évolution mensuelle des gains horaires nominaux aux États-Unis fait apparaître un pic au printemps 2020 (source : Bureau of Labor Statistics) :


Figure 2 : Salaires horaires moyens  (ensemble des employés), secteur privé.


Pic que l’on retrouve pour les gains horaires réels, inflation déduite (Source : Bureau of Labor Statistics, US Dept of Labor, « Real Earnings – September 2020 », News Release USDL 20 – 1926) :


Figure 3: Variation en pourcentage au cours du mois de la rémunération horaire moyenne réelle de tous les employés, désaisonnalisée, Septembre 2019 - Septembre 2020.

Les salaires réels augmentent brusquement, sur fond de stagnation durable.

Éléments de discussion

Il est amusant d’observer que le bulletin du Bureau of Labor Statistics (BLS) cité ci-dessus et présentant ce dernier graphique le présente sans explication.

La raison de ce pic spectaculaire et temporaire est sans doute la mise en œuvre d’un programme de prêts aidant les petites et moyennes entreprises (effectifs < 500) à payer leurs salariés, prêts non remboursables (devenant donc des subventions pures et simples) si ceux-ci étaient maintenus en emploi : le Paycheck Protection Program (PPP). Mis en œuvre entre le 3 avril et le 8 août 2020, ce programme destiné aux PME a bénéficié à 5 millions d’entreprises pour un montant de 529 Milliards de $. Son montant initialement prévu était de 670 Mds de $. Il s’agit donc d’un programme massif, dont les objectifs étaient explicitement de préserver non seulement l’emploi mais aussi les salaires (au sens large, incluant les cotisations versées) aux niveaux approximatifs (au moins 75% de ceux-ci) qui prévalaient avant la crise sanitaire. 

Selon les premières évaluations, ce programme semble avoir largement atteint ses objectifs : il a été utilisé par 70 % des firmes éligibles et les gains en emploi (plutôt les limitations de pertes d’emploi) par rapport à des entreprises proches mais non éligibles auraient été de l’ordre de 3%. (David Autor et al. “An Evaluation of the Paycheck Protection Program Using Administrative Payroll Microdata”, ADP – MIT July 22 2020; Glenn Hubbard and Michael R. Strain, “Has the Paycheck Protection Program Succeeded?”, BPEA Conference Drafts, September 24, 2020).

Il reste à préciser par quels mécanismes ce subventionnement du maintien de l’emploi a pu mener au pic observé de hausse salariale temporaire, au-delà du gonflement de la masse salariale versée (variations des heures travaillées, composantes du salaire direct ou indirect impactées…)

Aux États-Unis, la flexibilité à la baisse des salaires semble avoir été ainsi fortement contrée et même surcompensée. Salaires non flexibles et évoluant à la hausse et emplois subventionnés aux États-Unis vs emplois et salaires directement préservés en Europe ? La crise du coronavirus rapproche les modes d’ajustement, sans toutefois les confondre.

Un problème de transition se posait à l’automne au sortir de la première vague de confinement. En Europe, il s’agissait de sortir des dispositifs de chômage partiel, tout en les maintenant, moins avantageux, pour les secteurs durablement atteints. Aux États-Unis, la reprise de l’emploi à la rentrée a été moins forte qu’espéré, et certains observateurs ont incriminé l’arrêt trop rapide des subventions salariales via le PPP (Michael Dalton, Elizabeth Weber Handwerker, and Mark A. Loewenstein, "Employment changes by employer size during the COVID-19 pandemic: a look at the Current Employment Statistics survey microdata," Monthly Labor Review, U.S. Bureau of Labor Statistics, October 2020).

La seconde vague de confinement de cet automne va conduire à d’autres mesures de protection et de relance, et on peut malheureusement penser que ce questionnement de sortie de crise ne devrait revenir qu’au printemps prochain.


29 sept. 2020

Été 2020 : des niveaux similaires de chômage en Europe et aux États-Unis ?

Les dynamiques du travail et de l'emploi dans la crise : actualisation

Bernard Gazier

Suite à la crise sanitaire et aux mesures de confinement, les profils d’évolution de l’emploi et du chômage ont radicalement différé au printemps 2020 de part et d’autre de l’Atlantique. 

I. Des baisses de production et d’heures travaillées généralisées mais inégales

La contraction de la production a été d’une ampleur inédite depuis la seconde guerre mondiale, mais différenciée selon les pays (OECD 2020c, p. 3) :

Source : OECD Economic Outlook
Figure 1 : 2020 2e trimestre (% par rapport au 2019T4) PNB et consommation privée
Remarque : d'après les données trimestrielles disponibles pour chaque pays. La consommation privée n'est pas disponible pour la Chine.

Il est utile de la relier à l’évolution du total des heures travaillées durant le second trimestre 2020. Selon la rigueur et la durée des décisions de confinements, elle a considérablement varié (OECD 2020c, p. 5) :



Figure 2: Nombre total d'heures travaillées (variation en % par rapport au premier trimestre de 2020)

Le recours aux dispositifs de chômage partiel a été très fréquent (sauf aux États-Unis) et notamment en Europe, mais d’ampleur très inégale (OECD 2020a p. 36). Pour une comparaison entre les dispositifs, voir ETUI (2020) et OECD (2020b).


Source : Sources nationales, pour plus de détails voir : OECD (à paraître), « Job retention schemes during the COVID19 crisis and beyond »
Figure 3 : La participation aux programmes de maintien dans l'emploi a été massive dans certains pays
Candidatures approuvées et participants effectifs aux programmes de maintien dans l'emploi en pourcentage des salariés dépendants
Remarque : les données à la fin mai sauf pour le Luxembourg et la Suisse (fin avril).
États-Unis: les données se réfèrent à la participation à des régimes de rémunération de courte durée. L'Australie, le Canada, l'Irlande, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande appliquent des régimes de subventions salariales, qui ne sont pas conditionnés à la réduction du temps de travail (voir la section 1.3.2). Les taux de participation sont calculés en pourcentage d'employés dépendants au T4 2019.

Il en résulte des profils nationaux ou régionaux d’ajustement de l’emploi qui diffèrent de façon marquée.

II. Les États-Unis

Aux États-Unis, en l’absence de chômage partiel, les mouvements simultanés des trois variables que sont le taux de chômage, le taux d’emploi et le taux d’activité ont été brusques entre mars et mai : hausse du chômage jusqu’à près de 15%, baisses des taux d’emploi (de 8 points) et d’activité (de 3 points). La fin du printemps et le début de l’été ont vu une rapide décrue du chômage, qui reste toutefois à un niveau historiquement élevé pour les États-Unis, de l’ordre de 8% en août, et des rattrapages partiels pour les taux d’emploi et d’activité. Les données ici présentées sont celles du Bureau of Labor Statistics, recueillies début septembre 2020.

Taux de chômage USA : après la flambée, la redescente

Source : Bureau of Labor Statistics des États-Unis
Figure 4 : Taux de chômage des civils, désaisonnalisé
Remarque : La zone grisée représente la récession, calculée par le National Bureau of Economic Research. Les personnes dont l'origine ethnique est identifiée comme hispanique ou latino-américaine peuvent être de n'importe quelle race.

Taux d’emploi USA : une très forte flexion, de 8 points, et un rebond immédiat mais partiel

Source : Bureau of Labor Statistics des États-Unis
Figure 5 : Emploi; ratio de population, désaisonnalisé
Remarque : La zone grisée représente la récession, telle que déterminée par le National Bureau of Economic Research.

Taux d’activité aux États-Unis: une flexion de 3 points et un rebond qui marque le pas.

Source : Bureau of Labor Statistics des États-Unis
Figure 6 : Taux de participation de la population active civile, désaisonnalisé
Remarque : La zone grisée représente la récession, telle que déterminée par le National Bureau of Economic Research.

III. L’Union européenne

Les profils moyens de l’Union européenne diffèrent fortement de ceux des États-Unis.

Union européenne : une montée limitée et tardive du taux de chômage

Source : Eurostat 
Figure 7 : Taux de chômage EU-27, EA-19, désaisonnalisés, janvier 2005 - juillet 2020

A la différence des États-Unis, la trajectoire du taux d’emploi en Europe s’inscrivait dans une tendance à la croissance. Il devrait perdre trois points en 2020 avant de rebondir partiellement (ESDE (2020), p. 24).


Source : Eurostat, LFS (lfsi_emp_al. Commission printemps 2020 et Commission automne 2019 Economic Forecast, et calculs EMPL).
Figure 8 : Le lieu où la croissance du taux d'emploi ralentissait en 2019, avant d'être frappé par la crise.
Remarque : Prévision est calculée avec l'estimation de la croissance de l'emploi et en supposant une taille de main-d'œuvre similaire.

Le niveau atteint sur le graphique semble élevé, en comparaison avec le graphique américain présenté ci-dessus. Mais les définitions ne sont pas les mêmes. Sur la base de définitions comparables il reste inférieur à celui des États-Unis. (Voir annexe)

L’évolution récente et détaillée du taux d’emploi dans l’Union européenne n’est pas disponible. 

L’évolution très récente du taux d’activité n’est, elle aussi, pas disponible actuellement pour l’Union européenne. Durant les années précédentes, c’est un taux qui est en constante ascension jusqu’en 2019 (voir annexe).

IV. Les profils dans quelques pays européens


i. France : un choc important et un recours massif au chômage partiel

France : une baisse en trompe-l’œil du chômage (Insee, Informations rapides 13 août 2020, n° 2020 – 203) : l’ajustement a reposé massivement sur des entrées dans le dispositif de chômage partiel, ici repérés par une hausse du « sous-emploi ». En mai 2020 les autorisations portaient sur 11,3 millions de travailleurs soit 48% des travailleurs (ETUI 2020), dont 9 millions ont effectivement bénéficié du système.

Source : Insee, enquête Emploi
Figure 9 : Du chômage à la contrainte sur l’offre de travail : parts parmi les participants (emploi, chômage, halo) au marché du travailler
Champ : France hors Mayotte, population des ménages de 15 ans et plus

Les « participants au marché du travail » comprennent ici trois catégories : les chômeurs au sens du Bureau international du travail  (BIT) (sans emploi, recherchant un emploi et immédiatement disponibles) ; les personnes qui souhaitent travailler mais sont « classées » inactives parce qu’elles ne sont pas disponibles ou parce qu’elles ne recherchent pas activement un emploi, c’est le « halo du chômage » au sens de l’Insee ; et enfin les personnes en situation de « sous-emploi », usuellement les personnes en temps partiel contraint, auxquelles s’ajoutent ici les bénéficiaires du « chômage partiel ».

En France, le taux d’emploi baisse de 1,6 points à 64,4% après une période de stabilité au premier trimestre. Mais la baisse est plus marquée pour les jeunes :

Source : Insee, enquête Emploi.
Figure 10 : Taux d’emploi par âge
Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes de 15 à 64 ans.

Enfin le taux d’activité, pour lequel l’Insee n’a pas fourni de graphique récent mais produit des chiffres trimestriels, connaît une baisse en deux temps, passant de 71,9% à la fin 2019 à 71,7% au premier trimestre, puis 69,4% au second trimestre. La baisse est donc de 2,5 points. Cette chute est plus prononcée pour les 15-24 ans (-3,0 points entre le premier et le second trimestre) et notamment les jeunes hommes (- 3,5 points).

L’évolution résulte d’une bascule du chômage vers le halo du chômage (chômeurs cessant de rechercher activement du travail) et de personnes restant en inactivité, par exemple, des étudiants privés de leurs « petits boulots ». Il s’agit donc d’un effet « travailleur découragé » du même ordre de grandeur que celui constaté aux  États-Unis.

ii. L’Allemagne : un recours important mais moindre au chômage partiel, et des répercussions limitées

Le recours au chômage partiel a été autorisé à 10 millions de travailleurs, soit 27% du total (ETUI, 2020).

Le taux de chômeurs inscrits augmente de 1,5 point selon la Bundesbank :

Source: Deutsche Bundesbank
Figure 11: Chômage selon la section 16 du Code de la sécurité sociale III / Allemagne / du Code de la sécurité sociale III et du code de la sécurité sociale II Taux / Correction des effets de calendrier et désaisonnalisé / Pourcentage

La hausse du taux de chômage au sens du BIT reste contenue, passant selon Destatis de 4,9% en décembre 2019 à 6,4% en août 2020 (Graphique OCDE 2020d).

Figure 12 : Taux de chômage (pourcentage de la population active)

On observe une chute limitée de l’emploi, plus forte pour l’emploi total que pour l’emploi donnant lieu à cotisations sociales pleines, selon la Bundesbank :

Source : Deutsche Bundesbank
Figure 13: Personnes employées selon le SEC 2010 / Allemagne / Concept domestique / Valeur absolue  / Correction des effets de calendrier et de saisons


Source: Deutsche Budesbank
Figure 14: Salariés soumis à des cotisations de sécurité sociale / Allemagne / Total / Valeur absolue / Correction des effets de calendrier et de saisons

Toutefois, l’évolution du taux d’emploi en juillet 2020 (défini comme la part de la population âgée de 15 à 74 ans qui est en emploi) est plus modeste encore. Il s’établissait à 67,8% selon Destatis, reculant en données brutes de 0,1 point par rapport à juin 2020 et de 0,4 points par rapport à juillet 2019.

Il n’y a pas à notre connaissance de données récentes sur les variations du taux d’activité. Défini comme la part de la population âgée de 15 à 64 ans participant au marché du travail (soit en emploi soit au chômage) ce taux a été en croissance régulière de 2010 à 2019, passant de 76,6% en 2010 à 79,2% en 2019 (Statistique de l’OCDE).

iii. Le Royaume-Uni : un choc très important amorti

En dépit d’un choc sur la production de très grande ampleur, le taux de chômage reste à un niveau très faible et le taux d’emploi se maintient (ONS 2020a et b) :


Source : ONS 2020a, p. 8
Figure 15 : À gauche - Emploi (tous âgés de 16 à 64 ans). Changement trimestriel : 0,1 pps / Changement annuel : 0,4 pps.  À droite : Chômage (tous âgés de 16 ans et plus). Changement trimestriel : 0,2 pps / Changement annuel : 0.3 pps.

Ces résultats sont obtenus grâce à l’usage important et rapide d’un dispositif de congé prenant la place du chômage partiel, et évitant comme lui (et à la différence des États-Unis) la mise au chômage des bénéficiaires : le Coronavirus Job Retention Scheme (CJRS) ou « furlough scheme » qui a bénéficié à plus de 8 millions de travailleurs fin avril 2020 et à 5 millions en juillet (les chiffres fournis par l’étude d’ETUI (2020) op. cit. sont plus modestes avec 6 millions de demandes d’autorisations, mais ont été révisés à la hausse depuis (ONS 2020a)).

La stabilité du taux d’emploi inclut toutefois une forte baisse de l’emploi des jeunes :


Source: Office for National Statistics – Labour Force Survey
Figure 16 : Variation du niveau d'emploi au Royaume-Uni par âge (16 ans et plus), désaisonnalisée, entre mai à juillet 2019 et mai à juillet 2020.

Le taux d’activité est quant à lui en hausse régulière, passant de 76,5% en mai - juillet 2010 à 79,8 % en mai - juillet 2020 (Les chiffres fournis par l’ONS, op. cit., sont présentés sous la forme d’un « taux d’inactivité économique » passant de 23,5% en 2010 à 20,2% en 2020).

Source : Office for National Statistics – Labour Force Survey

Figure 17 : Le taux global d'inactivité économique des personnes âgées de 16 à 64 ans a atteint un niveau record de 20,2%, en baisse de 0,6 points de pourcentage sur l'année et de 0,3 points de pourcentage sur le trimestre.
Taux d'inactivité économique au Royaume-Uni (toutes les personnes âgées de 16 à 64 ans), désaisonnalisé, de janvier à mars 1971 et de mai à juillet 2020.

V. Quelques éléments de discussion

On a vu que les profils nationaux différaient d’abord par des intensités différentes du choc sur la production et sur le volume d’heures perdues. Mais les ajustements de l’emploi, ici repérés de manière globale, ont différé d’abord selon la présence ou l’absence de dispositifs de type « chômage partiel ». Le contraste est fort d’abord entre les États-Unis et l’UE zone Euro (EA) en ce qui concerne les taux de chômage. Pour un choc équivalent sur les heures travaillées, d’un côté une hausse de près de 10 points et de l’autre une hausse de moins de 1 point.

Il en résulte un rapprochement ironique et sans doute temporaire entre les deux entités : en août 2020 on observe de part et d’autre de l’Atlantique un taux de chômage de 8%, ceci en dépit de fortes différences dans les autres indicateurs de l’emploi (voir annexes).

Il est possible que par la suite les États-Unis pourront poursuivre la baisse de leur taux de chômage suite aux très importantes mesures de relance mises en œuvre rapidement (stimulus de l’ordre de 10% du PIB) là où l’Union Européenne peut s’attendre à un gonflement du chômage suite au retrait progressif des mesures de chômage partiel et à l’intervention de mesures de relance plus limitées et souvent différées dans le temps. Mais à quel rythme et avec quelles conséquences ? 

Pour aller plus loin, il conviendrait de compléter les mesures et d’affiner les diagnostics nationaux, avant de s’intéresser au destin de différents groupes parmi lesquels se détachent d’emblée les jeunes, au détriment desquels se concentre une bonne part des ajustements européens.


Références

ETUI (2020), « Ensuring Fair Short-Time Work –  A European Overview », Policy Brief n°7, May.

ESDE (2020), Employment and Social Developments in Europe. Leaving no one behind and striving for more: fairness and solidarity in the European social market economy, European Commission, Luxembourg: Publications Office of the European Union, September.

INSEE (2020), Informations rapides, n°2020-203, 13 août.

OECD (2020a), Employment Outlook, July.

OECD (2020b), Job Retention Schemes During the COVID-19 Lockdown and Beyond, August.

OECD (2020c), Coronavirus: Living with Uncertainty, OECD Interim Economic Assessment, 16 September.

OECD (2020d), OECD Employment Outlook 2020. How Does Germany Compare? September.

Office for National Statistics (ONS) (2020a), Labour Market Overview, UK: September 2020. Estimates of employment, unemployment, economic inactivity and other employment-related statistics for the UK, 15 September.

Office for National Statistics (ONS), (2020b), Employment in the UK: September 2020. Estimates of employment, unemployment and economic inactivity for the UK, 15 September.


Annexe

D’où partent-ils ? Éléments de comparaison avant la crise entre l’Union européenne et les États-Unis.

Taux de chômage (ESDE p. 30)

Source : Eurostat [une_rt_a], OCDE et Banque mondiale
Figure A : Jusqu’en 2019, le taux de chômage dans l’UE baissait plus vite que dans les autres grandes économies, bien qu’à un plus haut niveau
Taux de chômage ( % de la population active âgée de 15 ans ou plus)
Remarque : Données modélisées par l’OIT pour la Chine 


Taux d’emploi (ibid.)

Source : Eurostat [lfsi_emp_a], OCDE et Banque mondiale
Figure B : Le taux d’emploi dans l’UE croît à un rythme similaire à celui des États-Unis et du Canada, et plus rapidement qu’au Royaume-Uni.
Taux de chômage, % de la population âgée de 15 à 64 ans.
Remarque : âgé de 15 ans et plus, et données modélisées par l’OIT pour la Chine

Taux d’activité (ESDE p. 31)

Source : Eurostat [lfsi_emp_a], , OCDE et Banque mondiale 
Figure C : Le taux d’activité de l’UE est proche de celui des États-Unis, mais reste loin de ceux du Japon, du Canada et du Royaume-Uni.
Remarque : données modélisées par l’OIT pour la Chine 





11 juin 2020

Flambée du chômage en France, décrue aux Etats-Unis ?

Les dynamiques du travail et de l'emploi dans la crise : actualisation
Bernard Gazier

Les chiffres français publiés le 3 juin portent sur le mois d’avril et concernent les chômeurs inscrits à Pôle emploi.

Figure 1 : Nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A


Les chiffres des Etats-Unis publiés le 4 juin sont connus jusqu’au 23 mai, et concernent les chômeurs indemnisés.

Figure 2 : Le chômage assuré désaisonnalisé aux Etats-Unis : 26 mai 2018 - 23 mai 2020

Source : US Department of Labor, News Release, Unemployment Insurance Weekly Claims, 4 June 2020, p. 2.

Le contraste est fort, mais trompeur. 

Le taux de chômage américain ici mesuré est passé de 14,7% fin avril à 13,3% au 23 mai. Après avoir détruit 19,6 millions d’emplois et vu le chômage augmenter de 9,8 points, les E.U. ont créé 2,5 millions d’emplois, accréditant la thèse d’un rebond.  Et les mauvais chiffres français ? 
Tout d’abord les périodes ne sont pas les mêmes, la disponibilité des chiffres américains étant plus rapide. Il y a trois semaines de décalage, qui correspondent au début du processus de déconfinement en France, amorcé le 11 mai.

La hausse française fin avril ici mesurée, de + 22,6% pour les Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois en catégorie A (+ 843000), provient majoritairement d’une réallocation interne aux effectifs inscrits à Pôle emploi, avec une baisse de - 29,9% des DEFM en activité réduite, catégories B et C (baisse totale 633600), dont les 2/3 se sont inscrits en catégorie A.

Figure 3 : Nombres de demandeurs d'emploi inscrits en catégories B ou C


La hausse du chômage des catégories A + B + C est donc beaucoup plus limitée : + 209300, soit une hausse globale de 3,6%. Cette hausse provient essentiellement de la baisse des sorties vers l’emploi, qui ont baissé de – 34%.

Les E.U. font figurer dans leurs décomptes des chômeurs indemnisés ceux qui bénéficient de l’équivalent fonctionnel (moins avantageux et moins stable) du chômage partiel, le système du « layoff and recall » par lequel les employeurs s’engagent à réembaucher leurs salariés dans un délai de 6 mois. Ces travailleurs étaient 16,2 millions en avril et sont désormais 15,3 millions en mai. Près de la moitié des emplois (re)créés proviennent donc de ces retours à l’emploi.

L’embellie américaine est toutefois indéniable et permet de souligner une manifestation de la rapidité des réactions du marché du travail dans ce pays. Elle est toutefois largement en trompe-l’œil. En effet, les E.U. en restent à un taux d’activité très faible, qui a fortement baissé en début de crise : Ce taux est passé de 63,4% en février 2020 à 60,8% en mai (il était de 66% en 2008, l’effet dit du « travailleur découragé » est fort et durable aux E.U.).

La réallocation interne au chômage en France montre une tendance inverse : le choix maintenu de la présence sur le marché du travail est visible dans le gonflement des chômeurs de catégorie A, confirmant un taux d’activité qui reste élevé (71,7% en 2019). Cette réaction très différente doit toutefois être rapprochée du niveau du taux de chômage français, initialement le double de celui des E.U : 8,5% vs 4% en mars 2020.

Notons qu’en Europe les évolutions peuvent différer fortement selon les pays. C’est ainsi que l’Italie a bénéficié jusqu’à présent de baisses du chômage.

Ces fluctuations de court terme, dominées par de forts mouvements de réallocation des travailleurs et des chômeurs, ne sont de toute évidence pas terminées puisqu’avec le déconfinement la sortie du chômage partiel va conduire en France une bonne partie des personnes concernées vers le retour à l’emploi, cependant que d’autres vont grossir les rangs du chômage.

Selon les prévisions de l’U.E., le taux de chômage prévu pour la France fin 2020 pourrait dépasser les 10%.








Les finances locales d'un choc à l'autre : une géographie des crises

Étude Cournot publiée dans Les Cahiers de recherche de la Caisse des Dépôts Auteur : Jean-Philippe Touffut (économiste, Directeur du Centr...